Finistère : Doux, en difficultés, se lance dans le poulet haut de gamme

Confronté à des difficultés financières, le volailler a présenté mercredi en comité d'entreprise un plan de réorganisation de sa production. Un investissement de 100 millions d'euros sur quatre ans. Hasard du calendrier, cette décision intervient une semaine après un nouveau scandale L214.

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Dans un entretien avec l'AFP, Christophe Couroussé, le président du directoire de Doux (1.500 emplois), dont le siège est à Châteaulin, dans le Finistère, a rappelé que l'entreprise était présente sur deux marchés principaux: le poulet entier congelé, exporté en grande majorité vers le Moyen-Orient, et les produits élaborés.

Confrontée à une forte concurrence des opérateurs brésiliens, à la grippe aviaire en 2016 et à la guerre au Yémen, "deuxième marché historique" de Doux, "l'entreprise connaît des difficultés économiques qui se sont accentuées depuis à peu près un an et demi", a expliqué M. Couroussé, selon lequel Doux a perdu 35 millions d'euros en 2016, l'année 2017 étant "un peu sur la même tendance".

Pour faire évoluer "son offre et son modèle" économique, répondant à un marché "qui a un avenir et qui génère de la valeur" ajoutée, trois axes de développement, présentés mercredi aux élus du personnel, ont été définis par Doux après l'expertise du cabinet AlixPartners.

Le premier, le plus important, c'est clairement et résolument d'orienter l'ensemble des fabrications et la production de volailles en France vers plus de qualité


a confié M. Couroussé, alors qu'aujourd'hui l'essentiel de l'activité de Doux est composé de produits d'entrée de gamme, et que ses concurrents ont des coûts de production inférieurs.

Or, "on a identifié que sur les marchés du Moyent-Orient, il y a une très forte attente pour des produits qui apportent des qualités nutritionnelles meilleures".
"C'est la région du monde où l'obésité progresse le plus", a-t-il assuré. "Nous, on a la capacité aujourd'hui, par la qualité de l'alimentation (des volailles NDLR), par l'amélioration des qualités d'élevage, d'offrir des produits qui présentent des avantages en matière nutritionnelle".
Le volailler Doux amorce une réorientation stratégique. Implantée à Chateaulin dans le Finistère et racheté par Terrena en 2016, le groupe volailler souffre avec des exportations en chute libre : 35 millions d'euros de déficit en 1 an. Doux tente de réagir en commercialisant très prochainement un poulet plus haut de gamme. / Christophe Couroussé, directeur général du pôle Volaille de Terrena - Daniel Jaouen, éleveur dans le Finistère - Didier Goubil, chambre d'Agriculture de Bretagne - Nadine Hourmant, déléguée syndicale FO chez Doux

Une politique précipitée par les images de L214 ?


Cette décision intervient une semaine après la diffusion d'une vidéo choc de L214 dans l’émission Quotidien. On y voyait les conditions d'élevage et d'abattage des poussins, dont la croissance est extrêmement rapide. Dans ce poulailler de Vendée, 35 2000 bêtes étaient rassemblées dans 1200 m². En un mois d'élevage intensif, les poussins devenaient des poulets de 1,4 kg. 


L'entreprise avait réagit dans la foulée en précisant que ces pratiques "ne reflètent en aucune façon les pratiques d’élevage définies par Doux et appliquées par ses 300 éleveurs partenaires". 

"Modèle pérenne"


D'ores et déjà, Doux va commencer à commercialiser, dans 10 jours, en Arabie Saoudite un poulet riche en Oméga 3, sous la marque FitLife, a annoncé M. Couroussé. "Le deuxième marché sur lequel nous voulons recentrer notre activité, c'est le marché européen du halal, un marché en très forte croissance avec une forte exigence de qualité à la fois sur les qualités nutritionnelles et sur la qualité de la certification halal", a-t-il poursuivi.

Troisième axe: pour continuer à fournir l'entrée de gamme et garder sa position sur le marché, Doux étant notamment "la marque leader en distribution de volailles en Arabie Saoudite", le volailler va miser sur un partenaire européen, "plus compétitif et à coûts plus faibles que nous", a dit M. Couroussé. "Notre objectif fondamental dans le projet, c'est de défendre l'emploi, les agriculteurs et les éleveurs avec qui on travaille. Mais pour les défendre dans la durée, il
faut qu'on s'assure qu'on ait un modèle pérenne. Un modèle qui réponde à un marché qui a un avenir et qui génère de la valeur", a conclu M. Couroussé.
Le coût de l'ensemble de ce projet est estimé à "100 millions d'euros sur quatre ans", nécessitant pour Doux de trouver des "partenaires opérationnels et financiers".

Doux, troisième leader mondial de la volaille, est entré dans le giron de Terrena, deuxième groupe coopératif agricole français, en mars 2016. Le groupe saoudien Almunajem, principal client de Doux, est aussi actionnaire du volailler français, fort de 300 éleveurs partenaires.

En 2012, le groupe Doux avait été placé en redressement judiciaire en raison d'importantes dettes. Dans la foulée, il avait supprimé près d'un millier d'emplois avant d'établir un plan de continuation.
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